Interview Jacques Hubert-Rodier
Jacques Hubert-Rodier, éditorialiste de politique internationale aux Echos
Faites vous partie des journalistes des Echos qui se sont opposés à la vente à LVMH? Si oui, pourquoi?
La question n'a pas été de s'opposer à la vente ou non des Echos à un groupe ou à un autre. Mais plus de 90% des journalistes ont dénoncé les risques de conflit d'intérêt qui peuvent exister entre un titre de presse qui écrit régulièrement sur un groupe comme LVMH et sa soixantaine de marques. De plus la décision du groupe Pearson de signer confidentiellement une "clause d'exclusivité" avec LVMH, s’opposant ainsi à toute offre concurrente, a laissé sceptiques la majorité journalistes. Or à mes yeux, une économie de marché signifie "transparence" et "concurrence". Le best price, best practice américain n’est pas sans fondement! Et apparemment l'offre de Fimalac, soutenue par la rédaction dans son ensemble, était supérieure à celle de LVMH…
La question n'a pas été de s'opposer à la vente ou non des Echos à un groupe ou à un autre. Mais plus de 90% des journalistes ont dénoncé les risques de conflit d'intérêt qui peuvent exister entre un titre de presse qui écrit régulièrement sur un groupe comme LVMH et sa soixantaine de marques. De plus la décision du groupe Pearson de signer confidentiellement une "clause d'exclusivité" avec LVMH, s’opposant ainsi à toute offre concurrente, a laissé sceptiques la majorité journalistes. Or à mes yeux, une économie de marché signifie "transparence" et "concurrence". Le best price, best practice américain n’est pas sans fondement! Et apparemment l'offre de Fimalac, soutenue par la rédaction dans son ensemble, était supérieure à celle de LVMH…
Pourquoi un quotidien économique ne serait pas une entreprise comme les autres?
Tout pays, toute entreprise, tout secteur se conçoit comme une exception, et notamment la presse économique. Seulement son fonctionnement n'est pas le même que celui d’une usine d’automobiles. L'indépendance et la fiabilité ne sont pas que des vertus morales, elles doivent faire partie intégrante du processus de fabrication du journal. Evidemment le concept n’est pas facile à manier et la question des risques de manipulations existent : qui informe un journaliste ? A quelle fin ? Pourquoi traiter tel ou tel sujet ? Cela dit comment croire un quotidien économique détenue par une société lorsqu'il écrit sur elle ou son concurrent? C'est l'un des problèmes. C'est pourquoi l'ensemble de la rédaction a souhaité obtenir une charte sur l'indépendance des Echos. Le secteur de la presse écrite aujourd’hui n’est pas très porteur car directement concurrencé par les "gratuits" et Internet. Notre titre qui reste dans son domaine économique, a réussi à garder la tête hors de l’eau. C'est peut être là, la plus grande spécificité d'un journal économique, c'est de le rester en grande partie. Et pour cela il faut qu'indépendance et fiabilité soient presqu'une raison d'être. Sinon qui achètera demain les Echos?
Pensez-vous que la détention des journaux par des groupes de presse est un gage d'indépendance?
Pas forcément mais c'est en règle générale plus facile de garantir l'indépendance. On l'a vu d'ailleurs avec le groupe Pearson, le Wall Street Journal l'a connu aussi avec les Bancroft... Nous avons été très indépendants, le Wall Street l'a été. Néanmoins, on peut imaginer être détenu par un groupe de presse très militant, politiquement ou économiquement. Aussi, à la question de l’indépendance s’ajoute celle de la démonopolisation. Car si je détiens tous les groupes de presse, toutes les télés, toutes les maisons d'éditions, comment garantir l'indépendance?!
Tout pays, toute entreprise, tout secteur se conçoit comme une exception, et notamment la presse économique. Seulement son fonctionnement n'est pas le même que celui d’une usine d’automobiles. L'indépendance et la fiabilité ne sont pas que des vertus morales, elles doivent faire partie intégrante du processus de fabrication du journal. Evidemment le concept n’est pas facile à manier et la question des risques de manipulations existent : qui informe un journaliste ? A quelle fin ? Pourquoi traiter tel ou tel sujet ? Cela dit comment croire un quotidien économique détenue par une société lorsqu'il écrit sur elle ou son concurrent? C'est l'un des problèmes. C'est pourquoi l'ensemble de la rédaction a souhaité obtenir une charte sur l'indépendance des Echos. Le secteur de la presse écrite aujourd’hui n’est pas très porteur car directement concurrencé par les "gratuits" et Internet. Notre titre qui reste dans son domaine économique, a réussi à garder la tête hors de l’eau. C'est peut être là, la plus grande spécificité d'un journal économique, c'est de le rester en grande partie. Et pour cela il faut qu'indépendance et fiabilité soient presqu'une raison d'être. Sinon qui achètera demain les Echos?
Pensez-vous que la détention des journaux par des groupes de presse est un gage d'indépendance?
Pas forcément mais c'est en règle générale plus facile de garantir l'indépendance. On l'a vu d'ailleurs avec le groupe Pearson, le Wall Street Journal l'a connu aussi avec les Bancroft... Nous avons été très indépendants, le Wall Street l'a été. Néanmoins, on peut imaginer être détenu par un groupe de presse très militant, politiquement ou économiquement. Aussi, à la question de l’indépendance s’ajoute celle de la démonopolisation. Car si je détiens tous les groupes de presse, toutes les télés, toutes les maisons d'éditions, comment garantir l'indépendance?!
Au quotidien, qu'est-ce que signifie pour vous l'indépendance d'un journaliste?
Pas d'interférence des pouvoirs économique, politique dans la rédaction, le choix des sujets, et le moins possible d'autocensure !
Propos recueillis par Julie de la Brosse