Une vision noire de facebook

Publié le par Gratin dauphinois


Facebook ou l’Eldorado des jeunes en manque de lien social

 

Pourquoi le site de sociabilité Facebook connaît il un si grand succès dans les pays «occidentaux » ?  Facebook , qui permet de rassembler son réseau d’amis en ligne grâce à des applications amusantes, connaît un succès époustouflant. Créé en 2006 par des étudiants de Harvard, ce site communautaire pousse l’utilisateur à ajouter le plus grand nombre de relations à ses contacts, pour prouver aux autres et à lui-même qu’il est très populaire. Mais derrière les apparences combien de contacts sont ils de vrais amis ?

Le succès d’un tel phénomène masque une crise du lien social qui caractérise nos sociétés de consommation. Axel, étudiant de  22 ans bref utilisateur de Facebook en souligne les effets pervers : « Très vite je me suis aperçu que le système, à la base crée pour retrouver ses amis du lycée ou de la fac, s'était perverti : le but, c'est de voir qui est ami avec qui et de faire une surenchère aux inconnus sur sa liste d'amis. J'ai supprimé mon compte au bout d'une semaine. »  Audrey, 25 ans, journaliste  porte le même jugement : «  Je trouve ça lourd aussi les gens qui font le répertoire des autres et qui ajoutent des gens alors qu'ils se connaissent pas. Ça fait perdre beaucoup de temps, autant bouger et aller prendre un café ».

L’Etat-Providence n’assure plus le lien social dans des sociétés marquées par l’individualisme. Les liens familiaux se sont affaiblis et la famille ne joue plus un rôle protecteur pour une jeunesse en manque de repères. Internet en général comblerait le vide qui existe dans la vie de la jeunesse du XXI ème siècle et offre un semblant de lien.

Une société dont la jeunesse ne trouve des repères que dans le virtuel n’est elle pas en danger ? L’exemple des tueries dans les lycées par des jeunes qui laissent un testament sur Internet semble le montrer. Dernièrement un jeune finlandais  a effectué un massacre dans son école avant de se tuer.  Son dernier message de détresse était sur la toile. Pourquoi n’a-t-il pu se confier à une personne « réelle » de son entourage ? Il a préféré laisser un message au monde entier. Quand on interroge Marc, 18 ans il dit passer « 8 heures par jours sur Facebook et sur les messageries instantanées » n’est ce pas symptomatique d’un mal être ?Il fait parti des « no life » qui vivent par procuration…

Toutes ces questions pointent les travers de la société moderne. Nous sommes en plein dans l’ « ère du vide » que décrivait Lipovetsky. Quand Bauman va jusqu’à qualifier la société de « liquide » tant le lien est lâche, il a malheureusement raison.

Alors Facebook, oui, mais ne perdons pas de vue la véritable « sociabilité ». Un lien social efficace  ne peut exister par internet. Les nouvelles technologies ne donnent aux jeunes que l’illusion d’être moins seuls…alors qu’en réalité ils sont plus seuls que jamais et n’ont qu’eux même sur qui compter.

 

Claire Bonnichon

 


Publié dans Opinion-débat

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K
hum...<br /> je reste dubitatif devant les arguments exposés.Il me semble que c'est un faux procès que l'on intente à Facebook et au web dans une plus large mesure. En effet, l'actualité passée et plus récente fait état de plusieurs drames, de tueries lycéennes perpétrées par des jeunes acros à l'internet. Certes ils étaient plongés dans un monde virtuel violent et sans limites, mais réduire leurs actes à cette seule donnée serait se méprendre sur l'importance de la psychologie de ces individus. Le lien social ne disparait pas à travers l'usage généralisé de l'internet, bien au contraire.<br /> Jamais les hommes n'ont eu autant de possibilités de contacts entre eux. Ces communautés mettent à bas les barrières classiques de culture, de langue, de territoire... Le web regroupe de véritables clubs (au sens de Habbermas dans son étude de l'espace public), où se rencontrent des personnes partageant les mêmes centres d'intérêts, avec en plus une audiance jusque là impossible à atteindre.<br /> Certes le web n'est pas le pays des merveilles, et il existe des obsédés du web (no life et autres geeks), des passionnés de jeux vidéos et autres personnes en quêtes d'amitiés virtuelles. Mais le web n'est rien d'autre dans ces cas que l'expression moderne de leur mal-être. Les amateurs de World of Warcraft (jeux de rôle massivement multijoueur) rappellent étrangement les amateurs en leur temps de donjons et dragons et autres fan de star trek.<br /> Par ailleurs le Web peut certes être un refuge pour quelques individus qui ne trouvent pas leur place dans notre société, mais il n'est jamais le raison de leur fuite du réel. Les raisons de la fuite dans le virtuel devraient selon moi se chercher au sein de cercles de socialisation primaires. Parce qu'il est un phénomène planétaire de diffusion de l'information, les accidentés de nos sociétés y trouvent un moyen nouveau d'exprimer leur mal être. Le web n'est jamais une cause, ni une fin en soi, mais un moyen, un outil quelque soit le message que l'on est à passer.<br /> <br /> Enfin parce que mon commentaire commence à faire dans la longueur, je voudrais ajouter l'exemple des communautés de blogueurs notamment au sein de la blogosphère politique, où la prise de contact virtuelle donne très souvent naissance à des réunions telle la "république des blogs" où se rejoignaient pendant la période électorale des bloggeurs politique afin de donner un caractère physique à des relations jusque là virtuelle.
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G