Les SDF, "victimes" de la grève dans les transports

Publié le par Gratin dauphinois


Les grèves n’ont pas seulement perturbé Monsieur tout le monde. Pour certains SDF qui ont fait du métro leur lieu de travail, les temps sont difficiles. Trop de monde pour faire la manche.
 
Ligne 3, station Anatole France. Voilà vingt minutes que les gens attendent qu’une rame montre le bout de son nez. « L’Anarchiste », comme il se fait appeler, vagabonde entre les attroupements de personnes. Il parle à l’un puis à l’autre. Il leur dit « qu’il ne faut pas faire la gueule », que « le métro va bien finir par arriver ». Puis il divague, parle politique, fait la cour aux jeunes femmes assises sur les sièges vert métalliques. Il explique qu’ « avec la grève, les gens sont plus attentifs à ses discours ». Ils attendent, ils n’ont rien d’autre à faire que se laisser porter un quart d’heure par la joute verbale de ce drôle de personnage. L’Anarchiste en profite, il fait son « show ». Mais les gens donnent-ils pour autant ? Une fois le métro arrivé, les passifs redeviennent actifs, forcent le passage pour parvenir à entrer dans le métro. Lui-même peine à y entrer. L’agressivité, l’énervement et le stresse remontent à la surface, la chance de l’Anarchiste est passée. Une fois le métro en route, c’est son gagne pain qui s’éloigne.
 
Station Saint-Lazare. Il y a plus de personnes sur le quai que dans le métro, pourtant déjà bien rempli. Chassé-croisé. Le « Chanteur » entre dans le premier wagon de la rame. Il est entouré de Parisiens pressés qui piétinaient d’impatience sur le quai.  Il se présente, affirme que les habitués de la ligne 3 le connaissent déjà et s’excuse pour son changement de programme. D’ordinaire, il pousse « la chansonnette avec sa gratte ». Mais étant données les circonstances, et sans vouloir importuner d’avantage les gens, c’est sans sa guitare qu’il est monté à bord. Il récite un poème. « Avant eux avant les culs pelés / La fleur l'oiseau et nous étions en liberté ». Il s’agit des  «Singes » de Jacques Brel. Un choix un brin moqueur qui ne fait pas fait l’unanimité.
 
A une jeune femme qui souhaite poliment une « bonne soirée » à l’Anarchiste, celui-ci lui répond « ne dites jamais « bonne soirée » à un SDF, c’est comme une insulte, à la rigueur, dites bonsoir… ». 





Julie Saulnier

Publié dans Opinion-débat

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
bravo pour l'article !<br /> la grève a l'avantage d'avoir établi un monde commun où tout le monde subit les mêmes types de contrainte, certes à des niveaux différents mais tout le monde est concerné, tu le montres très bien : ça cret une unité de vie, un peu comme la guerre, et "il faut de temps en temps une guerre", la guerre oblige les gens à être solidaires, à se débrouiller et ceux qui ne sont pas solidaires ont quand même les mêmes conditions de vie; la grève remplit-elle maintenant cette fonction ?
Répondre
R
Super angle d'approche des grèves, ça change su micro-caniveau sur l'usager. Seul truc dommage, mais ça fait surement la qualité de l'article: on a envie d'en lire plus.
Répondre
D
Une idée d'article très originale. Bravo.
Répondre